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Le PREMIER ESSAI : Millau-Piquepoul et retour (sur route ouverte et sans escorte)
Attention, un véhicule doit être assuré, qu'il circule ou non, c'est la loi française.
bel avant Pour ouvrir la portière, il faut appuyer sur le poussoir. On n'est pas dans une auto actuelle totalement aseptisée, on entre dans une SIMCA. La portière semble ne laisser que l'espace nécessaire pour s'installer derrière le volant. En parlant du volant, il semble provenir d'un camion, tellement son diamètre est imposant. Je ne parlerai pas de son inclinaison, elle ferait tomber dans les pommes le premier ergo-thérapeute venu. Autre point déroutant, la clé de contact est à main gauche, comme chez Porsche. Pas le moindre antivol de direction. Heureuse époque où le vol de voiture était rare ! La première position du contacteur met le circuit sous tension.

Les témoins du compteur s'allument en rouge, et l'aiguille de la jauge se positionne après quelques tremblements d'hésitation. Il suffit d'insister en tournant un peu plus à droite pour actionner le démarreur. La température ambiante m'épargne le starter, à tirette mais placé à droite, preuve que l'auto avait à l'origine un starter automatique. Le RUSH, faute de rugir, émet un bruit sympathique, un son de 4 cylindres. Laissons l'animal trouver la température de fonctionnement par quelques instants au ralenti.

Pour refermer la portière, on saisit la poignée qui n'est pas un accoudoir, ou alors il faut une morphologie particulière. Petite précision : prenez la poignée de la main droite, parce que, vu l'étroitesse de l'habitacle, il vous faudrait vous pencher contre la passagère, étymologiquement côte à côte ! Remarquez, on est assis sur une banquette. Ce devait être bien à 18 ans, ce genre de sièges ! Sur ce modèle, les suffragettes ont été entendues, la commande de frein de stationnement est à gauche, donc dur de trouver un prétexte ! (Je précise qu'il s'agit d'un frein de parking, et non d'un frein à main, il n'est pas question de l'utiliser pour aider l'auto dans les épingles.)

une ETOILE Justement, en parlant de tourner, ils ont mis un volant de direction. La direction n'est pas assistée, mais démultipliée. Interdit de jouer les " Jean-Pierre Beltoise" en conduisant bras tendus. Une P60 se conduit bras pliés. (Ce n'est que plus tard que les voitures de course ont pris le nom de Matra-Simca, la P60 n'a pas bénéficié des prouesses des pilotes de F1.). L'Etoile est garée face au mur, il vaut mieux reculer la voiture, le mur, lui ne reculera pas. (en fait elle est garée contre le portail du garage, ce qui ne change rien).

De petits coups d'accélérateur, brefs, prouvent que tout est prêt pour un galop d'essai. La pédale d'embrayage s'enfonce dans le plancher (comme dans une 911). La marche arrière s'enclanche sans difficulté. Pour y voir quelque chose, pareil qu'à l'auto-école de l'époque. Le bras droit le long du dossier et le buste pivote. La main gauche positionnée au milieu du volant, en haut, et "paré à la manoeuvre". Je laisse remonter la commande d'embrayage et l'Etoile recule sans à coups, sans brouter. L'euphorie cesse soudain. Habitué au couple de la voiture moderne, un mazout, je n'ai pas pensé que je conduisais un moteur à essence. Donc, je cale comme un débutant. Un litre ! (je n'ai jamais su si c'était le mauvais conducteur qui devait payer un litre de vin ou si le carbu avalait un litre de carburant à chaque calage) Nouveau démarrage, et je reprends la manoeuvre en faisant légèrement patiner l'embrayage. Pour me mettre parallèle au trottoir, je dois braquer à droite. Là aussi, je suis dépaysé. Il faut mouliner du volant, pour être démultipliée, la direction, punaise, elle l'est !

Les freins, magnifiques, comme une 911. C'est parti pour la première roulade. La première vitesse accroche, normal, ils n'ont pas mis de bague de synchro. Le mini levier de clignots, sur le moyeu du volant n'a pas la position "autoroute" chère aux constructeurs allemands. Il faut le pousser à fond pour entendre le tic-tic de la centrale et voir le symbole clignoter au tableau de bord. Luxe suprême, le témoin clignote selon la direction selectionnée, et non comme sur d'autres voitures de la même époque où c'est un seul témoin.

La rue est en légère pente, donc la voiture commence à rouler en douceur. La deuxième vitesse passe sans aucun accroc. Pour négocier l'épingle, je lèche la commande des freins, et j'en reste à ma première impression, freinage efficace. Le troisième rapport, lui aussi sans bruit et j'arrive au panneau "stop" du bas de la rue. Là, je change vite d'avis sur les freins. C'est sûr, y a pas de servo-frein. Il faut appuyer comme un malade et la voiture s'arrête .... à la limite du raisonnable pour les points de mon permis. Terminé les comparaisons avec une 911 ! J'ai oublié de vous dire que mon frère a insisté pour participer à cette première sortie de l'auto. Dans ces cas-là, ça aide d'avoir participé à quelques rallyes !

prete a partir, la P60 C'est dans un éclat de rire que je passe en première pour repartir. (on n'achète pas une P60 pour se prendre au sérieux, l'automobile ancienne est un loisir, un amusement et mon passager rigole autant que moi) On a eu chaud, mon petit frère me fait remarquer que c'est moi qui ai eu chaud. Je monte les rapports jusqu'en quatrième. Je suis "le pied dedans" et le ruban du compteur indique 80 km/h. Malgré la ligne droite, je dois continuellement rectifier la trajectoire. Je mets ces hésitations sur le compte du manque de mise en mains, mais aussi sur les pneus basse pression. 

Ils ne sont gonflés qu'à 1,6 kg pour assurer un maximum de confort. Pour le confort, on verra plus tard, parce que pour la tenue de cap, je soupçonne le manque de rigidité des flancs. Les autres automobilistes que nous croisons ne semblent pas particulièrement horrifiés, j'en déduis donc que mes louvoiements n'ont pas grande amplitude. Malgré mes efforts, impossible de dépasser les 80 km/h. Le carbu n'est pas forcement bien réglé, l'avance à l'allumage n'est pas obligatoirement à son meilleur calage et les trous du silencieux d'échappement, s'ils rappellent que les "Montlhery" ont couru, n'arrange peut-être pas non plus le fonctionnement du Rush !

Passage sous le viaduc autoroutier le plus connu du monde, puis demi-tour au carrefour qui permet d'y accéder. (à Millau on dit un embranchement)

Le trajet du retour est semblable à celui de l'aller, même vitesse, mêmes hésitations de pilotage, même bruit. Pour gravir la montée, aucun trou à l'accélération quand je rétrograde. Juste peut-être un peu plus de bruit, comme le moteur force. Mais, après tout, il faut bien que ça se sache, qu'elle roule mon Aronde. Je gare la voiture comme elle était, moteur contre le mur.

Mon frangin sort de l'auto et se marre doucement. "J'ai cru que tu allais te sortir ! A la vitesse où on allait, je savais qu'on risquait rien, sauf de passer pour des c... Ta caisse, elle va pas vite, mais elle impressionne !"

Elle impressionne tellement que les voisins d'en face sont sortis pour assister au retour de la bagnole de rêve. Ils sont étonnés de constater qu'elle roule bien. Ils me font remarquer que pour la discrétion, il vaudrait mieux que je change le pot d'échappement. Ils demandent à mon passager s'il n'a pas eu (trop) peur. Il leur avoue son manque d'accoutumance à ce genre d'exercice, mais leur en raconte assez pour déclencher un sourire et surtout pour leur ôter toute envie d'essai ! Pourtant, mon voisin passe ses loisirs à piloter des avions, donc, les risques, il connaît. Je ne comprends pas cette attitude que je mets sur le compte de ... la jalousie, ce que je leur fait remarquer !!!

pas belle la P60 ?

Pendant qu'on discute, le radiateur ne trouve rien de mieux que de se transformer en auto ... cuiseur. Le tartre, que je croyais disparu, est encore bien présent dans le faisceau. Il faudra trouver rapidement le remède.

Le moteur avait déjà démarré, la voiture vient de rouler, que demande le peuple ? Maintenant, je vais pouvoir continuer sérieusement la restauration. En parlant de restauration, mon entourage me fait aimablement remarquer que "ça s'arrose, les premiers tours de roues de l'Aronde". Du coup, on boit un peu de jaune autour de la voiture bleue.

Parce que, on en pense ce qu'on veut, de ma P60, mais c'est quand même grâce à elle que j'ai rencontré des gens qui vivent en Belgique, et qu'on est devenu des amis !

Le site INCONTOURNABLE pour les possesseurs de SIMCA :

"all aronde the world"

Le forum est une mine de renseignements.

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